Un roman biographique qui retrace la vie d'une femme dans les années soixante.
Ma mère, Rosa, illettrée née en 1926, raconte son histoire à la première personne.
Elle explique d’abord comment elle a grandi en Algarve entre sa sœur Maria et ses parents, puis comment elle a rencontré José, mon père, avec qui elle a eu plusieurs enfants.
Dans les années 1965, sous le régime de Salazar, la vie est devenue impossible pour eux au Portugal. Alors, mon père a décidé de partir clandestinement pour la France dans le but de les sauver de la misère. Elle n’aurait jamais cru qu’il puisse les abandonner, les petits et elle, surtout après les terribles épreuves qu’ils avaient traversées ensemble. Pourtant, il l’a fait. Elle ne l’a réalisé que lorsqu’il lui a envoyé une lettre de rupture stipulant qu’il ne voulait plus la revoir. N’en comprenant pas les raisons et pour l’avenir de ses enfants, elle qui ne savait pas lire, qui n’avait même jamais quitté sa maison, est partie à sa recherche.
Tiré d’une histoire vraie, ce roman traite d’illettrisme, de dictature, d’immigration et de l’accueil des immigrés en France pendant les Trente Glorieuses, mais aussi d’amour, de trahison et de pardon.
EXTRAIT
Je devais emmener Carlos, je n'avais pas le choix. Il n’avait pas deux ans et demandait encore beaucoup d’attention, ce serait trop de travail pour maman de garder les quatre garçons.
Du coup, il me fallait absolument un passeport car il m’était impossible de partir « à salto » comme mon mari.
En emmenant un enfant, il fallait que je fasse le voyage en train. Je ne pouvais pas, comme lui, faire deux mille kilomètres à pied et passer deux frontières clandestinement.
Dès la première lettre de José, j’avais fait les démarches nécessaires pour obtenir un laisser passer, mais sans résultat.
À chaque fois que je me déplaçais à la mairie pour prendre connaissance de l’avancement de mon dossier, on me répondait la même chose :
- Nous n’avons toujours rien. Mais vous devez savoir que cela vous sera très difficile d’obtenir un passeport car nous n’avons pas le droit d’en délivrer aux illettrés.
Seulement là, ma situation avait changé. Je passais du simple statut d’illettrée à celui de femme abandonnée par son mari avec quatre enfants à charge et sans ressource. Je me trouvais dans l’urgence et avoir des documents en règle était impératif pour moi.
Profitant d’être à Loulé, j’allai une fois de plus à la mairie. Je me doutais bien que ce serait la même chose, comme à chaque fois.
Pleine d’espoir, j’arriverais au guichet de l’état civil décidée à faire déplacer des montagnes, je me heurterais à une personne anesthésiée assise sur son derrière et qui ne voudrait rien entendre de ce que je lui dirais.
Ma mère, Rosa, illettrée née en 1926, raconte son histoire à la première personne.
Elle explique d’abord comment elle a grandi en Algarve entre sa sœur Maria et ses parents, puis comment elle a rencontré José, mon père, avec qui elle a eu plusieurs enfants.
Dans les années 1965, sous le régime de Salazar, la vie est devenue impossible pour eux au Portugal. Alors, mon père a décidé de partir clandestinement pour la France dans le but de les sauver de la misère. Elle n’aurait jamais cru qu’il puisse les abandonner, les petits et elle, surtout après les terribles épreuves qu’ils avaient traversées ensemble. Pourtant, il l’a fait. Elle ne l’a réalisé que lorsqu’il lui a envoyé une lettre de rupture stipulant qu’il ne voulait plus la revoir. N’en comprenant pas les raisons et pour l’avenir de ses enfants, elle qui ne savait pas lire, qui n’avait même jamais quitté sa maison, est partie à sa recherche.
Tiré d’une histoire vraie, ce roman traite d’illettrisme, de dictature, d’immigration et de l’accueil des immigrés en France pendant les Trente Glorieuses, mais aussi d’amour, de trahison et de pardon.
EXTRAIT
Je devais emmener Carlos, je n'avais pas le choix. Il n’avait pas deux ans et demandait encore beaucoup d’attention, ce serait trop de travail pour maman de garder les quatre garçons.
Du coup, il me fallait absolument un passeport car il m’était impossible de partir « à salto » comme mon mari.
En emmenant un enfant, il fallait que je fasse le voyage en train. Je ne pouvais pas, comme lui, faire deux mille kilomètres à pied et passer deux frontières clandestinement.
Dès la première lettre de José, j’avais fait les démarches nécessaires pour obtenir un laisser passer, mais sans résultat.
À chaque fois que je me déplaçais à la mairie pour prendre connaissance de l’avancement de mon dossier, on me répondait la même chose :
- Nous n’avons toujours rien. Mais vous devez savoir que cela vous sera très difficile d’obtenir un passeport car nous n’avons pas le droit d’en délivrer aux illettrés.
Seulement là, ma situation avait changé. Je passais du simple statut d’illettrée à celui de femme abandonnée par son mari avec quatre enfants à charge et sans ressource. Je me trouvais dans l’urgence et avoir des documents en règle était impératif pour moi.
Profitant d’être à Loulé, j’allai une fois de plus à la mairie. Je me doutais bien que ce serait la même chose, comme à chaque fois.
Pleine d’espoir, j’arriverais au guichet de l’état civil décidée à faire déplacer des montagnes, je me heurterais à une personne anesthésiée assise sur son derrière et qui ne voudrait rien entendre de ce que je lui dirais.