Au début de l'année 2006, environ 230 000 réfugiés darfouriens vivent dans 13 camps à l'est du Tchad. Dans cette région saharienne et sahélienne, le système de l'aide humanitaire occidental se déploie afin de mettre en place ses dispositifs standard avec, en premier lieu, le camp de réfugiés. Il semble cependant que les efforts des dits-bénéficiaires ne soient pas, et dans une certaine mesure, ne puissent pas être soutenus directement par le système de l'aide. Néanmoins, les réfugiés intègrent à leurs projets les ressources proposées par le camp. De ce fait, la forme-camp apparaît à la fois comme une possibilité pour les agences humanitaires de réduire l'incertitude mais aussi comme une preuve de leur inadaptabilité aux stratégies développées par les réfugiés. Ce texte interroge donc les paradigmes liés à l'univers des réfugiés ; il montre que ces derniers ne sont pas un groupe homogène et prévisible, mais qu'ils présentent des disparités interdisant de les catégoriser comme victimes vivant dans un présent sans fin. La méthodologie utilisée ici permet de poser un ensemble de questions sur l'intervention humanitaire en situations de crise.