Il est, paradoxalement, inutile et nécessaire de rappeler que Bruges-la-Morte est le roman symboliste d'un poète symboliste. Lire Bruges-la-Morte, c'est s'exercer à lire autrement. Lire Bruges-la-Morte, c'est ne pas cesser de relire. Qu'est ce que le reflet pour le peintre des villes endormies? A travers ce roman-poème, Georges Rodenbach associe systématiquement le reflet à sa théorie de la ressemblance. Il est question, tout au long du roman, du "sens de la ressemblance" qui est "un sens supplémentaire, frêle et souffreteux, qui rattachait par mille liens ténus les choses entre elles". Bruges-la-Morte, cette "étude passionnelle", retrace le cheminement de Hugues Viane qui, ayant perdu sa femme, s'acharne à "chercher sa figure sur d'autres visages". D'où les "Muettes analogies" qui traversent et le roman et la présente lecture. Lecture qui s'acharne, quant à elle, à suivre l'élaboration d'une thématique, celle du reflet, qui se développe et finit par constituer une véritable poétique au sens de "principe esthétique".