Autant son emploi est immodéré, autant la notion de bonne gouvernance se voit chargée d'ambitions en tous sens dans les divers champs des sciences politiques et juridiques, si bien qu'elle pose avec acuité la question de sa signification et de sa portée. A cet égard, tout en relevant sa nature floue, ce travail se propose de démontrer les soubassements idéologiques forts du paradigme de bonne gouvernance. En effet, d'un diktat formulé par la Banque Mondiale à l'attention des pays en développement, celui-ci devient le leitmotiv du néolibéralisme véhiculant, partout dans le monde,un modèle étatique dit minimal et efficace. Or, ce modèle relève, en filigrane, d'une redéfinition des rapports Etat-marché-société civile dans un sens qui ne manque d'implications normatives et conceptuelles. Ainsi, bien qu'elle est dénuée de toute marque épistémologique propre, la notion de bonne gouvernance se présente aujourd'hui comme le registre typique pour caractériser les formes émergentes de l'action publique aussi bien à l'échelle étatique qu'infra et supra-étatique. D'emblée, la bonne gouvernance est l'emblème d'une transmutation profonde du politique.