Ce livre s'interroge sur la possibilité de la satire dans les romans postmodernistes de William Gaddis. Portée par une intention éthique, la satire gaddisienne accentue le désordre social de manière systématique pour faire apparaître les failles du système social. Elle milite contre l'absolutisme discursif et dénonce fraude, bêtise et manipulation. La dérision que pratique la satire contre ses cibles de choix implique une transparence référentielle qui a fait système. Cependant, la pratique de l'auto- dérision fissure ce système de l'intérieur. Notre travail consiste à montrer comment la satire travaille sous la tension de ce paradoxe postmoderne et comment l'auto-dérision permet à la satire de maintenir un équilibre paradoxal entre critique et autocritique et souscrit avec force aux principes de doute, de différence et de contingence. Ironique, ambiguë et paradoxale, la satire n'est possible dans le contexte postmoderne que si elle affiche ses propres codes en tant que discours et offre un espace de passage paradoxal où les différences sont mesurées selon la valeur absolue de la contingence et " l'infaillible ponctualité du hasard ".